DYLAN ROCHER, l'As du carreau......

14/11/2017

Article "Le Parisien"  24 décembre 2015,



Ils collectionnent les titres et trustent les places sur le podium. Pourtant, un anonymat certain accompagne leurs exploits. Le funboard, le roller, le surf, la pétanque et le squash n'ont aucun secret pour ces cinq champions. Chacun a accepté de lever

Ce Dylan-Là n'apprécie guère les bobs... Silhouette élancée, cheveux savamment gominés et style plutôt apprêté, Dylan Rocher, 24 ans depuis jeudi dernier, aurait tout du parfait footballeur. A un détail près : la taille du but. Le Manceau est en effet... l'un des meilleurs joueurs du monde de pétanque ! « Depuis tout petit, je me bats contre le cliché du mec avec son chapeau qui boit son pastis, sourit le triple champion du monde et triple vainqueur du Mondial la Marseillaise. Moi, je pratique tous les jours, je m'entretiens physiquement en jouant au foot trois fois par semaine ou en faisant du vélo, je fais gaffe à ce que je mange... Mais cette image du bob et du Ricard est tenace. »
A son niveau, les boules n'ont rien à voir avec les parties du dimanche avant l'apéro. Véritable métronome du tir, le gaucher sarthois aligne les carreaux et exporte son talent dans le monde entier. Il y a quelques semaines, il était ainsi en Suède pour donner des conseils à l'équipe nationale. « Dans l'année, je fais une quinzaine de gros voyages, du type Thaïlande, New York ou Nouvelle-Calédonie, pour faire des compétitions où je suis invité, détaille le jeune homme. Dans certains pays, on est considéré comme des stars. En Suède, j'avais l'impression d'être reçu comme un roi. En Thaïlande, c'est le sport national, tous les joueurs sont détachés par l'armée ou embauchés spécialement pour jouer à la pétanque et ils ont de vrais entraînements. »
En France, en revanche, il n'y a pas de suivi « officiel » en termes de musculation, nutrition, etc. « Quant à la précision, je ne la travaille plus vraiment, poursuit le Zidane des boulodromes. A force de jouer... Car les boules, ça prend du temps. C'est presque tous mes week-ends de l'année et tous les jours de juin à septembre-octobre. »
A tel point que Rocher est au repos forcé jusqu'au début de l'année 2016 pour cause de problèmes tendineux au coude gauche... « On ne dirait pas comme ça mais, quand on passe trois jours à piétiner, s'accroupir et jeter des tonnes de ferraille, avec le stress, la concentration, à la fin on est cuit. En compétition, c'est vachement fatigant ! »
Employé au cabinet du maire de Draguignan, le Varois d'adoption bénéficie comme une trentaine d'autres joueurs d'un statut de sportif de haut niveau qui lui permet de compenser ses nombreux jours d'absence sans solde au travail. Car même un as de la discipline ne transforme pas l'acier en or... « En gros, je dois toucher 4 000 à 5 000 € d'aide, souffle-t-il. Au niveau gains, je gagne environ 15 000 à 16 000 € par an en jouant et j'en ai pour 10 000 € de frais si on compte l'essence, les péages et l'usure de la voiture avec laquelle je fais 40 000 km. »
S'il peut compter sur un fabricant de boules, une société de champignons et une entreprise d'articles de fête pour le sponsoriser, Rocher a également... sa propre marque. Une panoplie du bouliste siglée « Famille Rocher ». « Mon papa a été champion du monde en 2004, explique-t-il. J'ai toujours baigné là-dedans. C'est vrai que c'est atypique d'avoir sa ligne. Beaucoup de gens voulaient se servir de mon image pour créer des choses et mes parents ont décidé de faire quelque chose à l'effigie de la famille. C'est compliqué d'en vivre mais au moins on arrive à se rembourser des frais avec ça. »
Grâce à quelques passages télé et des vidéos qui tournent en bou(c)le sur les réseaux sociaux, Dylan a acquis une certaine notoriété. « C'est vrai qu'on me prend un peu plus au sérieux, confesse-t-il. Quand je sais qu'il y a une diffusion télé, je me rends le plus présentable possible pour que ça passe bien et valorise la pétanque. Le problème, c'est qu'on ne le fait pas tous et cela nuit à l'image de notre sport. J'ai un ami avec qui j'ai été champion du monde qui a pris 30 kg en trois ou quatre ans. Il ne fait rien pour s'entretenir. A la télé, on voit un mec en surpoids, avec son gros ventre, mal rasé. Cela nous est à tous préjudiciable. » Surtout si, en plus, il met un bob...